France santé : quelle promesse ?
Label "France Santé" : Entre promesse de proximité et craintes de "coquille vide"
Lancé à l'automne 2025, le label France Santé s'inspire des maisons "France Services". Son ambition : garantir à chaque citoyen une solution de santé à moins de 30 minutes de son domicile et un rendez-vous médical sous 48 heures.
Si l'intention est saluée, les modalités de mise en œuvre suscitent un débat.
Les points positifs : Une boussole pour les patients
Le label vise à simplifier le parcours de soins en créant un réseau de structures identifiables et fiables.
• Une lisibilité accrue : Pour le patient, le logo "France Santé" devient un gage de qualité. Il garantit que la structure (Maison de santé, cabinet ou centre de santé) respecte un cahier des charges strict : présence d'un médecin et d'un infirmier, ouverture 5 jours sur 7 et tarifs sans dépassement d'honoraires (Secteur 1).
• L’engagement de la réactivité : En intégrant obligatoirement le Service d’Accès aux Soins (SAS), ces structures s'engagent à libérer des créneaux pour les soins non programmés, répondant à la hantise des Français de ne pas trouver de médecin en urgence.
• Un soutien financier au regroupement : Chaque structure labellisée peut bénéficier d'une aide (au maximum de 50 000 €) pour moderniser ses équipements ou financer de la coordination, encourageant les praticiens isolés à se regrouper.
• Ciblage des "zones rouges" : Le déploiement est priorisé dans 151 intercommunalités identifiées comme prioritaires, là où le renoncement aux soins est le plus fort.
Les questionnements : Une "façade marketing" ?
Malgré ces ambitions, le projet fait face à des zones d'ombre.
• Le risque de la "coquille vide" : Certains craignent que l'on se contente de "changer les plaques" sur des structures déjà existantes sans réellement augmenter le nombre de soignants disponibles. Le ciblage de zones rouges est louable, mais label ou non, les structures sont saturées.
• Un financement jugé superficiel : Certains dénoncent une logique qui finance "les murs" et la communication plutôt que de revaloriser directement l'acte de soin ou les conditions de travail des professionnels.
• Une centralisation excessive : Le nom même de "France Santé" et le pilotage via les Agences Régionales de Santé, les préfets et les Conseils Départementaux peuvent faire craindre une perte d'autonomie pour les initiatives locales et une complexité administrative supplémentaire.
• L'effet d'aubaine : Des interrogations subsistent sur l'équité : pourquoi financer certaines structures et pas d'autres qui fournissent le même effort de soins sans avoir le label ?
Le label France Santé est un outil d'aménagement du territoire intéressant, et répond à un besoin réel de la population. Cependant, il ne pourra fonctionner que s'il s'accompagne d'une véritable hausse du temps médical disponible.
